ASSASSINE(S)

2022

1. Des torrents de coups

À la lueur d’une bougie fumelante
dont la blême flamme hésitante
dissimule maladroitement des torrents de coups
et tout ce sang (et cette odeur de rance)

Ils s’embrassent, ils s’enlacent, se caressent
Il la flatte, l’idolâtre sa déesse
Ils se battent, se frappent, ils se blessent
Il la dégoûte, il se joue de sa détresse

Ils s’embrassent, s’enlacent, s’agacent, se caressent
Ils se battent, se frappent, s’abattent
Il la dégoûte sa déesse

Ses joues jadis tavelées de rousseurs
s’embrasent au rythme du battement de ses cils lestés
tirant désormais sur le pourpre douleur
témoin infâme de ces vies à jamais ruinées
Mais elle se dit, abattue, que s’il faut mourir d’amour
autant se renier, s’éteindre, s’abandonner
oublier et épouser sa haine.

2. De tes yeux bleus perlés

Son menton crénelé trahit le flot de larmes qui s’apprête à déborder
Qui oserait secouer cette figure d’ange
aux lignes fluettes, prêtes à se briser, s’effondrer  ?

Ses repères se délitent, ses combles s’affaissent
Son sol s’effondre et transpire sur son corps inerte

Son cœur pisse le sang, son ventre pisse la bile
ses tempes écarlates perlent de sueur

Son cœur pisse le sang, son ventre pisse la bile
ses tempes écarlates amassent la poussière

De tes yeux bleus perlés, interloquée
tu cherches à comprendre, pourquoi il t’a abandonnée
Ses mains tiennent. Ses mains serrent. Ses mains prennent.

3. Nonchalantes de beauté

La violence extrême la transperce
tout autant que les noirceurs qu’il déverse
Plus que les douleurs qui dissolvent son cœur carminé, étouffé, laminé
Ses réveils s’enchaînent sans saveur, sans apparats, sans magie, sans fracas, sans étincelles
Ses rêves de volupté s’échouent ou se fracassent lourdement, tous brisés

Ivres, oubliant, un moment leur envie de mort
Elles paressent toutes, nonchalantes de beauté
légères, embrumées, réfrénant leurs trop nombreuses fragilités

Qui viendra un jour relever les filets abandonnés
en eaux troubles et repêcher toutes ces âmes naufragées  ?
Vos rêves de volupté ne s’accaparent que d’elles
Ces curiosités n’ont de malsain que les instincts qu’ils révèlent.

4. Draguée tout au fond

Elle s’était pourtant promis

Traversée de long en large par des tranchées sillonnant sa peau
paralysée par l’angoisse de devoir embrasser seule sa tristesse violacée
contrastant avec les plis tendus de sa robe écarlate

Elle s’était promis pour de bon
qu’elle lutterait sans cesse contre tous les courants
Elle s’est retrouvée draguée tout au fond
noyée dans l’ivresse du parfum de son sang.

5. (A)

6. Il a tant rêvé d’elles

Il dicte de l’ombre de ses doigts ouverts
au creux de vagues désordonnées
ses désirs immondes
qui transpercent les chairs
de ces entrejambes désabusés

Il a tant rêvé d’elles
cet être faible, anormal

En proie à ses songes abjectes, il dicte de son ombre
En proie à ses rêves de nuisettes, il force les barrages
En proie à ses songes abjectes, il dictait dans l’ombre
En proie à ses rêves de fillettes, il se raccroche aux voiles

Faible, abjecte, sans cœur et sans fond
Morte, imparfaite, souillée aux oubliettes.

7. Elle se répète froidement

Ses mains aveugles se déversent sur ce corps
comme un torrent froid inarrêtable
Ses bras veineux étreignent et se tordent
sous les convulsions lâches d’un être misérable
Ses mains retiennent ce qu’il reste de son corps
affaibli, inerte, d’un pâle insondable
Ses jambes tremblantes se glacent et se collent
ses gémissements semblent interminables

Perçant, hurlant, battant de toute force
le fin fond de son âme
prête à se laisser mourir

Chutant sans fin, elle se répète froidement
qu’à défaut d’être aimée  elle veut en finir.

8. Le cœur noir charbon

Il a embrassé seul le ciel noir
tirant ses dizaines de wagons
Misérable mais imperturbable
tirant ses wagons
le cœur noir charbon

Son corps fluet et lisse gît à côté d’elle
Sa tête pleure, gît seule et se meurt

Persuadé encore une fois qu’aucun amour ne trouvera de reflet sur ce fond
Souriant, blême, imperturbable
il a embrassé le ciel noir
tirant ses dizaines de wagons
seul, le cœur noir et sans fond.

INFIDÈLE(S)

2017

1. Cette chute brutale

Presque Inerte, titubant, en proie aux illusions les plus confondantes, t’éponges çà et là de tes pieds moites le trop plein de sueur. Tu craches une fièvre des lendemains, une rage animale et vengeresse,
qui tapisse ta gorge boursouflée, dont se délectent ces pantins émasculés. Cette chute brutale fracasse tes os en milliers de morceaux tous plus acérés ; qui sifflent au vent et témoignent d’un viol, tristement murmuré, violemment exécuté

2. Comme des amants en reflet

Le visage illuminé comme s’ils ne souffraient plus, à jamais réanimés comme s’ils s’enivraient de vertus. Rouges comme des amants en reflet qui se jettent au pieu. Rouges comme des gamins qui tenteraient de se mettre à nu. Comme des aimants, s’embrassant au premier souffle. Allégés par la vacuité indolente d’une scène déconcertante qui file sur leurs cous. Prisez vos corps, brisez les leurs, enlacez vos échecs, reniez vos défaites.

3. Tes amours noirs illusoires

Tes mains moites se moirent de larmes honteuses. Tes amours noirs illusoires, témoignent, d’une tristesse fâcheuse, vibrante, quotidienne, assommante. Les corps empilés devant vos portes témoigneront à jamais de vos faiblesses. Ces valses frénétiques soufflaient de leurs voiles, plus fort sur cette flamme chancelante, sans cesse, sans faute, inlassablement. Toujours plus fort sur ces braises ardentes, sans cesse, sans faute jusqu’à l’écœurement. Rien ne reste intact à l’issue d’aucune de ces nuits noires et obscures, dos à dos, las, fatigués, des dettes que vous vous rejetez l’un et l’autre. Tout en courant, les pieds nus, les yeux voilés, en force, en force, vous sombrez. à force de vouloir assouvir cette lueur chimérique qui se prétend majestueuse, vos errements de quelque nature fussent-ils, vous étranglent inlassablement.

4. Sombres sont tes déboires

Tes doigts violacés serrent son cou tendrement, jusqu’au sang. Cette haine chienne salvatrice t’éloigne de tant d’illustres illusions. La fatigue t’efface et laisse place à des histoires éructées un seau vissé au poing. Sombres sont tes déboires. Faudrait-il être gauche ou désœuvré pour abhorrer seul et fièrement toutes ces comptines obsessionnelles ? Fièrement infidèle.

5. À la gloire du néant

En ce lendemain lapidaire, t’as tout d’une pute condescendante qui balbutie ses croyances et son langage corporel. Tu l’as rêvée cette petite mort perfide, cette victoire pathétique à la gloire du néant. Toutes tes histoires ne t’appartiennent plus. Quand ils rient tu pleures, quand tu plies ils se meurent. Toute issue s’arrête là violemment et oppose à jamais vos desseins, quand tes méandres implosent et te paraissent familiers , quand tes passions te sont tout à coup plus qu’étrangères.

6. Sotte, sans devenir

Cette bouche se détache d’un corps creux, qui ne lui appartient plus, lassée des remous incessants qui la remplissaient d’une tristesse folle, d’une satisfaction feinte- soulagée, délestée des silhouettes nues qui valsaient au-dessus d’elle – L’ignorance est un étendard bien fier, un cache misère qu’elle rejette fébrilement. Sotte, sans devenir, une farde de faux cils à la main, elle se livre au milieu d’une guerre biaisée de toutes parts. Douchée par des torrents de foutaises ; à défaut de s’avouer blessée et battue sur tous les fronts. Elle tente péniblement de se hisser au premier rang et se rend seule spectatrice de ses propres parades mortuaires. Cette bouche débite des insanités. Cette bouche malsaine doit savoir se contenter. Cette bouche avale sans jamais ne rien retenir. Cette bouche obscène doit savoir se contenir. Elle baisait les yeux du dernier venu. Elle baisait repue par de longs murmures qui sonnent creux, dans une oreille qui capitule et finit par ne plus croire qu’en ce qui la clamait loin d’ici.

8. Entre deux vagues

Il tanguait entre deux vagues, la mine déconfite impatient d’accrocher ses amarres au tout premier rivage, naviguant avec des pieds de plomb, sur le fil d’une écume presque invisible, cherchant, de ses yeux exténués des cimes brumeuses auxquelles se dévouer. Ce sol promis est noir et trempé. Le sable est froid, il creuse plus profond et couvre ses plaies. Ses douleurs s’avivent mais perdent de leur sens, même en s’accrochant à pleines poignées de crainte de se renverser dès l’entame funeste de ce chemin de croix. D’une aiguille ou d’un coup de boutoir cette mascarade se révélera à terme bien dérisoire sur ce feu. Indignes, ses non choix sont emplis de cynisme. Indignes, ses apparats sont emplis de cynisme.

9. De l'ivresse au dégoût

Votre drame éternel se joue au coucher, au son d’une parade asynchrone misérable et fallacieuse, couverte par un accent infâme. Vos gémissements embrassent des convulsions gauchement dissimulées. à force de valser de l’ivresse au dégoût, de la dévotion à une gueule sèche et amère vous vous êtes fourvoyés à déverser des coulées aqueuses et putrides d’aversion désoeuvrante. Vos sangs s’accumulent aux frontières qui sont les vôtres. Bien plus frêles semblent-elles être, que lors de vos joutes vicieuses.

10. Sans cœur et sans corps

D’un mouvement violent et d’un regard, tu balaies tout ce que t’avais empilé dans l’espoir brouillon, candide, désemparé, d’effleurer d’un doigt cette grosse pute d’éternité. Maladroitement mais fièrement et sans halte. Ta descente s’encre sur nos photos de famille, à moitié brûlées ou aux pourtours vitriolés. Impure, sanglante, dévisagée, il t’a fallu cette fois te faire violence pour exister maladroitement, faiblement et sans gloire. Autour d’un spectacle désinvolte, ou pourtant personne ne semble vouloir abdiquer, tu vacilles comme une enfant désinhibée. Au milieu de tes pendantes, les genoux écorchés et les bras écartés, toujours sujette à se suffire, toujours sujette à s’abreuver sans s’assouvir. Seule l’ivresse funeste t’attire à bien des égards. Loin d’une foi modeste qui se nourrit lentement de tes déboires. L’impureté est maîtresse de ces débats faibles, persistants. Ces chansonnettes, poussées jusqu’au sang, résonnent, résonnent encore, sans cœur et sans corps. Ces sombres fables comptées jusqu’au sang résonnent encore, sans cœur et sans corps.

ANIMALE(S)

2013

Part I

1. Laissé pour compte comme un bâtard

Laissé pour compte comme un bâtard
le genre d’erreur qu’on regrette, à peine digne d’un queutard
pendu à une corde honteuse, sèche, tendue et peu flatteuse

Tes journées s’empilent et se ressemblent
comme de vieux livres, qui n’ont pourtant rien à faire ensemble
La bile t’habille d’un costume gris, bien trop large pour ton âge et teinté de mépris

À quel sein se vouer, même flétri, quand même tes parents entretiennent leur déni
à coup de bouteilles à la mer et d’humiliations tortionnaires

L’œuvre d’un ivrogne fini, saoulé, laminé
et d’une mégère engourdie, scalpée, violée

une photo de famille, à l’horizon bouché
un gamin sur le grill, braconné et abusé

2. Au pied d'une bicoque peu séduisante

À force de lutter
contre les barrières trop épaisses qu’on lui a opposé
L’issue semble se trouver
au fin fond du puits qui lui a toujours servi à noyer
ses envies naissantes
qui lorgnent sur les mêmes pistes enivrantes

La tête penchée sur le côté
Les paupières vacillantes ou fermées

ses lèvres aux plis humectés
laissent par moments transpirer une sorte de faiblesse humiliante.

Toutes mains liées et paradant
autour de lui – abandonné au pied d’une bicoque peu séduisante –
trônent des gamines aussi laiteuses que fébriles

au firmament cette farandole l’enterre au plus profond
plus que délaissé, seule cette enfant semble pouvoir lui faire tout oublier.

3. Sans crainte de s'avouer un jour naufragée

Les doigts ficelés à des fardeaux
rongés et crevassés par la sécheresse
Tes yeux fixés sur les rideaux, s’éteignent lentement le long de ton ivresse

Ce roulis hypnotique, s’épanche sur les cheveux de ta princesse
Cette barque de fortune ne demande qu’à s’échouer violemment sans crainte de s’avouer un jour naufragée

Elle diffère de cette haine avilissante
qui soulève les jupons de ces ptites poupées
Elle attise tes obsessions branlantes
Tu t’images des desseins aux bords cornés

Frêle, érectile, lancinante, attendrissante

Noyé au creux de cette vague d’errance
Paumé au milieu de tes rêves d’enfance

Lové, ancré à ce port d’attache
Encré, lové comme un vieux lâche

pour le mieux, malheureux

las de tirer sur cette vieille chaîne.

4. (X)

5. Tes âmes sœurs immaculées

Ce ne sont jamais que quelques revers.
que quelques revers de plus que tu consigneras tout au plus

Noyé, lové à contempler, encore une fois les secondes
plongé dans un silence, qui t’éloigne en apparence

de son chemin, comme une façon de se déjouer de ce dessein pour de bon
lové dans cette moiteur chaleureuse, tu te coupes de cette atmosphère quelque peu malheureuse.

Attiré, maladivement par cette bête
Viscéralement bousculé au plus profond de ton être

Les lèvres à moitié trempées dans ce mélange de savons ensanglantés, tu sombres dans la démence

Ouverts, taillés, coulant, dans le silence, ruisselant, dans l’ignorance

Ce ne sont pas ces maigres vaguelettes qui nettoieront le marasme dans lequel tu te confonds.
Ni de balayer ces chimères envoûtantes dans un bal où s’embrassent tes merveilles
Ni de balayer ces chimères écœurantes sur ce sol où s’embrasent puis s’éteignent
tes âmes sœurs immaculées au beau milieu de ces carcasses putréfiées.

6. Dans ta salive, sur sa peau

Sous cet arbre apaisant tu savoures
ses boucles irisées qui scintillent en croisant
les rayons embrasés de cet abris de secours
Son sourire illuminé cautérise sur l’instant

le sang écoulé, au point de sécher
les larmes accumulées
prêt pour une fois à embrasser

ses lèvres duveteuses entrouvertes
Impatient d’effleurer ses bras légèrement pliés
Le souffle court, les sens en alerte
tremblant comme les feuilles qui tombent et se logent sur vos pieds

Soudain tout est brisé
tu sens ce sang très lourd qui coule de nouveau
dans ta salive, sur sa peau, aux creux de ses larmes
Et se mêle aux fluides qui s’écoulent jusqu’entre ses cuisses tièdes et terreuses
un corps tremblotant, couché, blanc, bafoué

par une âme fourvoyée
dépeinte sur ce tableau

Tes errances les plus abjectes ne mimaient même pas le moindre détail de cette scène.
même cette main tendue, tu rejettes, comme les mains tendues que chaque jour on t’assène.

dans ces volutes moirées, ce sont tous ces fardeaux que tu as laissés tomber

Pourquoi remuer la même merde
mieux valait haïr cette vieille chienne
Ce n’est plus le moment de prier, il est trop tard pour s’affranchir du passé

Puissent ses larmes te libérer
puisse son âme pour une fois s’apaiser
Puisse cette lame te soulager
puisse ton âme pour une fois s’apaiser

Part II

1. D'errances en inimitiés

Froide, trop serrée
ballottée d’errances en inimitiés
Froissée de force et bercée
dans un linge sans confiance, puis traînée face contre terre.

sur des chemins de traverse
terreux et boueux
vierges et glacés

Ils dansent, les bras écartelés
sans même se soucier des cris étouffés
qui tranchent pourtant de l’ambiance
faussement égayée, noyés dans l’insouciance,

Là où ils trinquent leurs verres dans le froid
nocturne et givré, l’indifférence est ancrée
Elle trinque sans même palper l’effroi,
d’un portrait qui lui semble pourtant toujours familier

2. cette silhouette paumée et délabrée qui sanglote et meurt.

D’un berceau laineux, à un lit de feuilles terreux, elle divaguait sans cesse et tentait de décrire
sur des pages poreuses, ce tableau hideux, qui la ramènera à terme dans cette crasse promise

Plombée peu à peu par des formes graciles
Rejetée et ignorée par la douceur native et ses consœurs dociles

Lourde pour son âge, elle touchait aux pourtours des barrières qui lui font face et
qui l’étouffent encore

Ses repères vacillants en disent long sur ses grimaces de misère
qui hantent des visions noircies qu’elle se ressasse encore et encore

À chaque fois tu fais face à des visions qui pour toi transpirent l’horreur,
à cette silhouette paumée et délabrée qui sanglote et meurt.
Ses contours enflent et luisent sur les carreaux que tu fixes de peur,
de nourrir cette liste que tu connais maintenant par cœur.

3. Empreinte d'érotisme

enfouie dans ses tréfonds, flirtant avec d’autres songes plus profonds
cette romance enivrante vogue et plane comme une compagne accueillante

Fixant par la fenêtre, houspillant cet être éphèbe, un peu bête.

Empreinte d’érotisme, palpitante, rayonnante, presque amnésique

Plantée au milieu de cette vitrine, aux éclats tranchants, mêlés de cyprine

l’indifférence écœurante, tance la volupté d’un amour imagé.

Flouée, flouée
Floue et blême

4. (Y)

5. Serrés comme son cœur lacéré

Ce garçon croisé par la fenêtre, l’aimante soudain comme une bête
Le jour, sous le charme de cette silhouette titubante,
de ce pantin désemparé, qui force l’empathie, un brin malade, coincé, livide, suintant, meurtri
ses hésitations empruntées, l’appâtent de fait.

Le soir, lovée dans ses draps
entre les cuisses, ses doigts

flirtent sur les plis cotonneux et froissés
Entre ses genoux se figent ses poignets
serrés comme son cœur lacéré
à bout de bras maintenus pour toujours écartés

Appâtée sous cet arbre dans le silence
Apaisée par la chaleur qui règne sous ces branches

mêlée aux odeurs veloutées d’herbe et de terre fraîche qui cèdent sous leurs pieds

Elle se surprend à lister des plaisirs longtemps délaissés
sur le lit de feuilles au creux duquel ils se sont abandonnés

Sur ses lèvres se lisent ses hésitations
dans sa salive se répand le goût de l’humiliation
Fuyant maladroitement cette langue dure et putride
tétanisée sur cette terre soudain froide et humide

Le sang coule et gonfle les veines de ses doigts crispés
les larmes couvrent ses joues et ses ongles ensanglantés

Ses paupières se ferment sur une romance avortée
une bouteille à la mer qui vient de se faire éventrer
Comme une soubrette, sous verre, ayant souffert depuis tant d’années
une soubrette sous verre ayant souffert depuis tant d’années

Brisée comme le verre qui semble en ce moment la pénétrer
Froide comme le fer qui dans un instant va la lacérer
Comme une proie apeurée, à pleurer sous le joug de la haine
une proie apeurée, à pleurer sous le joug de la haine

Suppliée de taire l’horreur flagrante de cette scène
de pardonner cette erreur vivante et obscène
deux mains opposées, des doigts croisés délétères
l’ombre de son ombre élevée dans la boue et la merde

6. Outro

MORTE(S) NÉE(S)

2010

1. Ces belles de rêve aux verres embués

Tout en surplombant ce gouffre qui nous sépare, nos bouches creusées, desséchées sur ces remparts.
Tu ronges tes ongles inlassablement, dégoûtée par nos vœux, écœurée par ces vieilles chansons.

Comment avons-nous atteint de tels sommets de mépris ? Au point de tout renier et de nous détruire à tout prix.
Tu fermes les yeux feignant des regrets, sans voir que nous vivons comme dealer et prospect.

Il n’y a pas de victoire au bout de cette ligne de conduite, mais de la déraison et un manque évident de passion

Elles vous ont tué, ces belles de rêve aux verres…
Ils vous ont massacré, ces mâles de cauchemar

Elles vous ont tué, ces belles aux verres embués
Ils vous ont massacré, ces mâles ces viandards

Faites place au règne animal, aux mœurs de bâtard
Faites place au rêve animal, aux mœurs de pouffiasses

à une procession de chimères qui s’installent et s’attellent

pour une opération à ciel ouvert, où crèvent nos rêves, où s’asphyxie l’envie, où l’amertume tue toute vertu jusqu’au creux de nos nids.

2. Les mains brisées comme leurs souvenirs

Sans filet, faibles, à quoi bon les recueillir ?
T’en feras rien de mieux que des reliques patinées, avides d’oisiveté et de pouvoir.

A quoi bon récupérer, collectionner et chérir tant d’étoiles éteintes échouées pour de bon sur ces il(e)s à l’état de carcasses rouillées, grisées, aigries et maintes fois salies.

Elles grattaient la terre malgré des ongles rongés et cassés, les doigts ensanglantés, les mains brisées comme leurs souvenirs, à vomir; les jambes serrées mais frêles et fragiles comme des brindilles; leur insouciance enterrée comme un soldat en temps de guerre

Mais tu restes là hagarde ou morte et fin prête pour ton bourreau
Mais tu restes là hagarde ou morte, comme endormie

Tu danses une valse des tréfonds, un cours de danse moribond.
Tes cicatrices, comme trophées, que tu comptes un jour toutes soigner

3. Il y a bien des porcs que ça ferait bander de t'étouffer

Respire, respire encore il y a bien des porcs que ça ferait bander de t’étouffer.
Il veut qu’tu saches, que tu comprennes, qu’il n’y a pas d’amour et qu’tu mérites sa haine

Sage et docile, tu panses tes plaies et fermes les yeux, certaine de mériter ta peine

Pour des promesses de foire aux fins pathétiques tu te fais bonder et dresser
Trop de promesses de femmes à un alcoolique, t’auras beau prier ou supplier

Pour toi, tout est fini; Bien trop de fois tu l’as défendu à tout prix

Abandonnée jusqu’au bout ; au beau milieu des tranchées
Délaissée jusqu’au bout; le crâne ouvert sur le plancher

4. En troupeau des louves en trompe l'œil des agneaux

Forte, de sentir enfin tout revenir, comme de nouveaux parfums à définir

Derrière ces fadaises traînent au pas au moindre revers, toutes ces chimères fallacieuses et malheureuses

Qui sont ces vipères; en troupeau des louves en trompe l’œil des agneaux ?
Qui sont ces chimères, en troupeau des moutons, en trompe l’œil des agneaux

Qui s’abreuvent toutes à la même marre et s’enlisent dans les mêmes marécages
Qui s’abreuvent toutes à la même auge et meurent sur les mêmes pâturages
et flairent le parfum de leur propre cadavre

En proies au forfait, elles plient les genoux et s’affairent, leurs figures s’affichent et s’écrasent sur du papier de verre glacé(e) est la chute lorsqu’elles retrouvent leurs repères à terre
Perdues et esseulées

A quoi servent ces poupées amnésiques, ce parterre de limaces, ces mégères pathétiques ?
Ces anciennes têtes blondes qui s’inclinent une à une dans le triste espoir d’être un jour à la une. Aveuglées par l’attente d’une romance érotique, frustrées par la déchéance d’une issue famélique
Elles rongent leurs rêves déçues d’être abandonnées, elles plongent ainsi définitivement de l’autre côté.
Rongées par la frustration, blessées de n’avoir jamais compté pour de bon

5. (S)

6. Un miroir pur qui te rend misérable

Elles couraient dans les cours d’écoles et irradiaient nos rêves d’un sourire impalpable
Elles partageaient leurs craintes et leurs peurs et s’abandonnaient adossées à leurs cartables

Insouciantes et adorables; un miroir pur qui te rend misérable

Elles se réfugiaient dans leurs bras, toutes penaudes, mais effrayées car…

On les a jetées contre un mur, une à une comme des compagnons d’infortune

Où est passée la magie ?
Seraient-ce ces chevaliers qui cloués au lit, nous dérobent et rossent nos enfants tant aimées et propagent cette torpeur aveuglée?

C’était pourtant de l’or…

C’était pourtant bien de l’or qui coulait au bout de leurs doigts.
Mais c’est de l’encre qui gît dès lors au creux au fond de leurs reins.
Mais c’est de l’or, qui gît dès lors, qui brille encore.
Et c’est leur corps qui gît encore au fond au creux de cette marre

7. De sorte que plus jamais, un instant ne soit magique

Lovées sur les repères branlants de leurs vieux rêves fanés
Faites au gré de nos vices, abreuvées par nos supplices,
et nos couronnes de célébrations.

Elles saignaient à douze ans, elles sont mortes à vingt ans.
Elles souffraient à quinze ans, elles sont mortes à vingt ans
Flouées par des images toujours plus pathétiques
Abusées par des promesses qui se voulaient angéliques
Détruisez votre corps, fuyez vos passions, brûlez votre âme, embrassez vos démons
De sorte que plus jamais, un instant ne soit magique
Détruisez votre corps, fuyez vos passions, brûlez votre âme, entrez dans cette prison

Toutes mortes à jamais, sans force à jamais, dénudées et piégées
sans espoir de se relever d’une histoire maudite

Mortes nées, ces gazelles, malmenées, serrées à la gorge ou saignées au couteau
Mortes nées, nos pucelles, violentées à la lueur d’un réverbère.
Brisées à en vouloir être une autre. Calcinées, vous ferez face à la mort ou goûterez à nouveau; à ces accès de frustration, qui te feraient oublier jusqu’à ton propre nom. Vous êtes condamnées, au bagne au beau milieu des dépravés

Mortes, unes à unes vous êtes mortes unes à unes
D’une respiration fatale, à la recherche d’un idéal
cherchant à vous dépêtrer de cette merde

MISANTHROPE(S)

2009

1. Que des yeux vides et séchés

Vous calculez le cours du temps à l’an près en ravageant votre condition à moindre frais. Pensez-vous vivre une vie de conscients décidés à compter les secondes pour de bon. Il faut brûler cette compilation de débris où s’amoncellent tous ces lambeaux de verni. Balayez les Porches de vos maisons, sciez les barreaux de vos prisons ! C’est du gâchis, on se parle à peine et on se taille les veines, c’est un cercle maudit, un monceau de haine auquel on s’enchaîne. Privé d’une propre histoire, la bouche ouverte on regarde les trains passer, menotté au comptoir, on compte en cœur les mouches écrasées. Pas le moindre éclair, que des yeux vides et séchés, il faudrait faire la poussière et vider le grenier. Le pouvoir de se laisser aller tant au moins à se consoler, mais même sans avoir rien à perdre, on ne peut qu’admirer car sans même être pauvres ou laminés, vous attirez des regards de pitié. Derniers là ou en soit, vous devriez tirer les premiers… Là juste là, on a le droit de rêver.

2. Comme pour leurrer les regards et cette odeur de cadavre

Enfin couchés sur l’autel des cafards, priant les cieux d’avoir marqué toutes les mémoires. Bien apprêtés comme pour leurrer les regards et cette odeur de cadavre moisie, flétrie, persuadés d’avoir frôler la grâce. Mais vous êtes morts en vain. Il n’y a plus rien à racheter quand ta peau sert d’engrais… Putréfiés, enracinés, emplis de vers… Célébrons nos morts, feignons le temps d’un verre, craignons nos morts le temps de les mettre en terre. A jamais à nos côtés, contraints et forcés, oubliés, abandonnés au même égard qu’un chien.

3. Toucher ce vide béant attise ma fascination

Le sourire béat, tu flânes la jupe au vent, les oscillations de tes courbes t’ont pris du temps. Mais attends, tu sais, la roue tourne; un jour ou l’autre on parlera de toi comme d’un boudin et rien d’autre. Un tas vicié, décérébré, incapable, bonne pour l’étable. Cheveux au vent, insouciante et sans regard, on t’a levée au firmament des faire-valoir. Toujours encline à revoir les finitions, toucher ce vide béant attise ma fascination. Patibulaire, je n’en ai que faire, je passe à table les jours de râble. Envoutée, persuadée que le verni te protège, que l’amnésie ça allège. Alors quand s’arrête le cortège ? Alors quand s’arrête ce manège ? C’est toute ta vie qui a fondu comme neige, c’est toute ta vie qui a volé en l’air.

4. La gorge ouverte et décharnée

N’as-tu jamais senti de mains rances te serrer le cou ? Des larmes gorgées de pisse plonger lentement jusqu’à tes genoux ? La gorge ouverte et décharnée libérant le sang qui nage dans ton nez. Soumise et groguie, tu cherches en vain un regard passant. Pressée de vomir, tu implores pourtant patiemment, prête à libérer le flux et reflux mourant d’une vie encore égarée. Mais sens-tu tes cheveux qui craquent sous ses mains, tirés, arrachés sans répit, d’un geste assassin ? Couverte de sang de haine, souillée, tu cours à ta fin ; trahie, t’as plus qu’à pleurer, maintenant tu sais qu’il n’y a pas de destin.

5. Il y aura des femmes à remercier et de la chair à embrocher

Finis les efforts, dis bonjour à la mort. Plus le temps de te faire chier, place à l’obscénité. Maintes fois pointé du doigt comme l’incarnation d’un primate; à bras le corps, tu t’ élances dans cette course à la mort. Fasciné par l’absurdité de l’enjeu, tu saisis cette chance et fais tes vœux. Aux chiottes les remords, dis bonjour à la mort ! Ouvrez le bal, ce soir c’est carnaval. N’aie crainte, il y aura des femmes à remercier et de la chair à embrocher. Dérivons sur le front à marée, dérivons sous les ponts amarrés. Faites place aux balles, faites place au bal, place au bal des ravages, au bal des sauvages, ouvrez les valves des carnages. D’instincts primaires en croix de guerre, des instincts primaires au goût amer.

6. Mais quel plaisir de voir cette tête d'enfant rougir et suer

Ce film maintenant, tu t’en souviens. Un cauchemar éveillé jamais vraiment très loin qui lacère tes fesses serrées jusque dans tes maisons de poupées, lorsque l’acide remonte ton palais. Tu es souillée et ruinée, t’as plus de place pour toi, plus d’estime de toi. Bafouée, souillée et meurtrie. Tu l’as brisée de tout ton poids jusqu’à la soumission tout en tenant ses bras, étouffée sans force comme une vulgaire poupée, pénétrée violemment à l’en éventrer… Mais quel plaisir de voir cette tête d’enfant rougir et suer alors que les pleurs la font exploser ; tu l’as serrée à l’en casser les bras, t’en as profité comme une ordure sans foi. Les mains attachées, tu l’as traînée à toi pour la rosser, la violer, la priver d’espoir. Triste de constater que les remords n’effraient que toi, triste de voir que des gens ont encore foi, triste de te voir vivant et fier de toi, triste de voir cette fille si belle et pleine de joie. Pour un instant tu ne voulais faire qu’un, le temps que coule le sang le long de tes mains.

7. Une insomnie avec qui tout le monde voudrait baiser

C’est la même rengaine que l’on ressasse, une verrue purulente que l’on traîne et emmène. Toi elle t’efface et t’embrasse. De l’allaitement au dernier repas, un gavage orchestré à la baguette, qui te courbe l’échine à coup d’épine. Agenouillé, tu ne comptes plus les fils ni les mains. Les bras levés, tu ne feins plus, tu ne peux vraiment plus rien. Pourquoi se crever à viser au-delà ? Y’a pas besoin de se lever pour aspirer à mieux, y’a pas besoin de se lever pour regarder ailleurs. Vos desseins tiennent et mènent à la fatalité : renier sa foi, il faut renier sa foi. Une insomnie que tout le monde voudrait toucher, une insomnie avec qui tout le monde voudrait baiser. Il faut renier sa foi.

8. A défaut de te jeter sur ta progéniture

Trop frustré de ne pas assouvir tes pulsions cannibales et anales, tu sers les fesses et prie de tout cœur pour ne pas exploser sur le premier que t’aurais couvé à mort, à défaut de te jeter sur ta progéniture. Ô mon père, pourquoi me toucher de votre grâce ? Je n’ai jamais demandé la moindre once de vos faveurs. Ô mon père, vos mains sont si grasses, je n’ai jamais voulu être votre souffre-douleur de pervers qu’on vénère, affable et malade. Ayez pitié de mon âme, enlevez ce doigt qui me fait si mal ; ayez pitié de mon âme, émasculez-vous au nom de ces drames. Pendu haut et court ou à genoux la tête dans le four.

9. ...anesthésié vos membres dans une orgie d'enthousiasme

Tous prostrés à attendre sans broncher que le soleil tende à se coucher. Déjà fatigué, chacun a fait son temps, c’est du pareil au même ; il n’y a personne pour relever que la frustration a scié vos jambes, anesthésié vos membres dans une orgie d’enthousiasme. Obstinés à chercher vaillamment le salut car l’attente en vaudrait la chandelle. Oubliez tous vos désirs d’enfant, et votre femme bien sage faudrait même pas y songer. Mais quelle idée de vouloir se mettre en ménage, autant se pendre haut et court. Veux-tu vraiment embrasser des marmots handicapés, un laideron décérébré ? Une vie de misère où l’on s’envoie en l’air ? Vos ferez semblant de vous tenir la main, un sourire béat pour pouvoir aller plus loin; vous assurer que les vieux jours sont passé. J’espère qu’on te fera bouffer toute la merde que vous avez chié.

NIHILISTE(S)

2008

1. On pendra les femmes et les enfants en premier

Poussés par le goût du vice à grimer toutes ces pages surannées. Possédés par la mémoire des damnés pour profaner toutes les tombes des appelés. Acharnés à pervertir vos instincts, on pendra vos dieux par les pieds dès demain, on pendra les femmes et les enfants en premier, on brûlera les vieux et les infirmes en premier. Pas près d’en finir, la pitié ça ne prend pas, pas près d’abdiquer la pitié ça se boit pas… Tous autant dire que vous êtes tous condamnés, autant dire que vous êtes tous condamnés, vous repartirez les pieds devant, vous repartirez sans le moindre jugement.

2. Au feu le savoir

Balayées les joies toutes simples pour les mômes, faut se recarder, s’émanciper. Au placard les manèges et les gaufres, lâcher les fauves, c’est du passé, du passé… Place au plaisir, place au rock et à la coke, place au sexe, au latex, place aux fêtes et aux levrettes… Au feu le savoir, au feu les devoirs, au feu, au feu. Autant se laisser aller au confort d’une vie de condamné à mort, autant tout brûler, autant se lessiver à mort. Et c’est l’image qu’on gardera, l’important c’est de l’épouser et c’est l’image qu’on gardera, l’important c’est d’y passer.

3. Mais va vendre ton dédain

Consolé au mépris, mais va vendre ton dédain ! Apprendre à bouffer le fruit, mais va t’acheter une vie, tu verras ça te fera du bien, va laver ton vomi d’enfant. Tu balbuties à l’air libre, arrête d’envier le voisin, mais va te pendre, tu le vaux bien, à un arbre ou je ne sais quoi mais fais quelque chose, fais le pour moi. Te noyer dans ton parterre de merde et tes idéaux de punk nourri. Va te pendre à ton fil de souris.

4. Abandonner tout espoir à vingt ans

Se cramer la gueule, se consumer comme un feu de paille et courir comme des damnés, pourquoi attendre ? On ne veut pas être les derniers… comme les meilleurs on partira les premiers. Faut consommer et consumer nos instincts, rien pardonner, pas de place pour ça chez les miens ; faut consommer et consumer nos instincts, abandonner tout espoir à vingt ans. C’est le goût du vice qui nous force à nous lessiver et force est de constater que les faibles sont absents.

5. Pour maintenir encore une fois la distance

Crevé, épuisé d’inscrire pour de bon mes absences. Assoiffé, maquillé, pour maintenir encore une fois la distance j’en ai fais une chiée, bouffé des tonnes de merde pour fuir la vérité, des tonnes de merde pour jouir comme un rentier. Bien aligné, comme pour démystifier, ces erreurs, ces odeurs. C’est bien d’y penser. C’est une prison, c’est une prison, c’est une prison de chair, c’est une boisson amère. Finalement, c’est peut-être la taille que je cherchais, finalement c’est peut-être tout ça qu’il me fallait.

6. A jamais dénudée

Une princesse, morte à jamais dénudée, morte pour l’empire d’un corps dénudé à jamais.

7. Tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop fort

Des idées toujours plus vides, à ramer dans un puits humide. Fier de mépriser le sein, tu cours pour t’abreuver de vin, fier de mépriser le sein, tu cours pour te goinfrer de pain. Mais dors, quitte à crever dans tes sécrétions de déni, mais meurs, tu es le premier à rester là, à regarder dans le vide. Reste bien dans ton lit, ma passion c’est de te voir sombrer dans l’oubli. Tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop fort, mais putain ce que tu faiblis, être aussi vide, c’est pas permis. Et bouger tu y as pensé ou bien t’es trop faible pour lever tes fesses ? Et marcher tu y as songé ou bien t’es trop niais pour bouger ta graisse ?

8. Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme

Toucher du bout des doigts le pouvoir, pauvre d’annihiler tout ça sans savoir car le goût du sang sonnait ta démission, nous, nous voulions nous jouer de ta dérision. Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme, se jouer de nos morales. Mais alors nous l’embrasserons et pour prouver notre bonne foi nous nous pendrons.

9. De sévices en amitiés

On comptera nos morts abandonnés, on comptera les corps des crucifiés. De connards en prisonniers, de sévices en amitiés, de bâtards en tisonniers, des supplices alambiqués

10. Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire

Béni des dieux pour sacrifier l’aumône d’une personne qui se répétait, béni des vieux pour ce que t’étais, l’impuissance d’un con qui rêvassait. Vile pour une fois, insolant, ignorant, le pire a venir comme la foi persévérant. C’est à vomir de voir à quel point nous sommes tous des vaux-riens. Plus rien à soulever, y’a plus rien à sauver, y’a plus rien à soulever, y’a plus rien à relever. Pleurs y’a que ça à faire, comme s’il suffisait de lever le doigt pour refaire… le monde qu’on a tous fait, y’a bien que toi pour croire que la guerre c’est une affaire de(s) fleurs, j’en apporterai pour les milliers de tombes que toi et moi nous creusons. Plus rien à protéger, y’a plus rien à sauver. Hôtes ou bien maîtres de cette merde ?

PESSIMISTE(S)

2007

1. Afin de tromper l'ennui

Comme la seule façon de tromper l’ennui, harnaché à temps plein. Étonné par la vie, de temps à autres, surpris.

Mais c’est pourtant mort que je marcherai, en soulevant déjà des milliers de tonnes de poussière; et c’est mort que j’embrasserai le temps qui déjà savait comme toi qu’il me tuerait.

2. Diluons nos souvenirs d'enfance

Laissez-nous vivre, diluer nos souvenirs d’enfance, panser les plaies d’en dedans, sécher les larmes de ton fils, bouffer les charmes de ta fille, oublier les vices de tes parents, ne jamais les vivre comme un enfant. Brûlons les vices de nos hôtes, ne jamais les vivre comme un autre. Ce ne sont que nos souvenirs que t’as gâché par plaisir, ne plus jamais rien voir en devenir, ce n’est jamais qu’une vie à reconstruire. Mieux vaut mourir que d’assouvir tes désirs, que de prendre le temps d’y réfléchir, y’a que des erreurs à reproduire.

3. D'abysse en abysse

…qu’en brûlant j’espère nettoyer notre âme, tous ces lambeaux pendus à moi, toute cette poussière entre toi et moi, toute cette douleur, toute cette rancœur.

4. De notre aversion à notre perversion

S’enfiler des kilos de pourriture, pourvoyer des tonnes de chair à tes mesures, s’engouffrer au plus profond de ta moisissure. Je suis parfois mauvais pour flouer le ciel, tu es souvent souvent trop niais pour penser au miel que je te tends comme parjure; et c’est être mauvais que de suivre ma mesure, et c’est bête d’être assez con pour se lover au pied du mur. Mais c’est moi l’enculé encore une fois. Alors rien ne va manquer, tu sais c’est si simple de fermer ta gueule, de jouer les aveugles.

5. Car quoi qu'il advienne tout est à chier

Pris la main dans le sac à me bouffer les doigts autour de tes mots, laisser nos mains tout en vrac à goûter au sein de tous tes défauts. Me casser la voix c’est bien plus qu’il n’en faut; se tuer le foie, ça pour toi c’est trop beau. Me taire, c’est l’allégeance que je fais; me taire c’est l’obligeance que j’ai. Briguer la chance d’être pour une fois sur le trône, piquer la danse encore une fois comme un môme; c’est refuser ne serait-ce qu’une fois, c’est s’amuser encore une fois. Tu sais reculer baisser la voix, pour vivre encore une fois l’espoir d’avoir le temps d’envoyer tout chier ! Sur un balcon, sur les flots, tout est à chier.